mercredi 22 octobre 2014

Un point en octobre

Un petit document pour faire un peu le point, après sept mois complets de « Voyage en Irlande », qui démontre quelques faits intéressants au passage : je ne sais pas estimer la longueur d’un texte (on est passés de 35 pages à 128), et je suis toujours capable de terminer un « long » récit. Comme ce dernier a été publié durant un autre passionnant voyage, je n’ai pas eu beaucoup le temps de l’envelopper dans les quelques explications que je prévoyais. La notation, entre autre « Voyage 1 » laisse supposer que je ferais d’autres récits du même genre. A la fréquence de nos déplacements dans des pays plus extraordinaires les uns que les autres, ce n’est pas à exclure. Sauf que voilà, si c’est très intéressant sur un plan personnel, je ne sais pas si le plaisir de lecture est identique vu « de l’extérieur ». On y reviendra donc, sur une forme ou une autre. Le voyage en Irlande sera aussi le premier texte « long » (comprenez, plus de 100 pages Word) à apparaître sous une forme papier d’une façon ou d’une autre, pour un tirage amical. J’ai hâte de tenir ce genre de bébé dans mes mains et d’en flairer la reliure.

Comme l’année dernière, je n’ai pas été lauréat du concours Don Quichotte de Nouvelles littéraires, et je ne sais pas actuellement si j’ai fait partie de la sélection finale. Ca vous fait une belle jambe, mais chaque année j’y passe une semaine ou deux d’écriture, une flopée de timbres et l’impression de sept exemplaires… Je suis donc déçu, surtout que j’étais très fier de mon texte, une sorte de réécriture d’un texte déjà apparu sur ce blog, concernant l’interview-vérité d’un Neil Armstrong façon Clint Eastwood.

Il y a d’autres concours bien sûr, et je me démène depuis quelques jours à réaliser un texte pour un appel à nouvelles érotiques. Si le texte n’apparaîtra probablement pas sur cette plate-forme pure et puritaine même s’il n’est pas primé, c’est un exercice d’écriture technique et imaginaire très difficile. Il faut mesurer le poids de chaque mot, marcher sur une fine ligne de vocabulaire éloignant le prude tirage de rideau habituel (« la porte se referma derrière eux pour une nuit sans sommeil ») et le crade (« il mit sa grosse **** dans sa ****** », bref bref). Tenter, en plus, de transposer une vision du sexe qui n’est pas, ou pas forcément la nôtre, c’est un gros effort. Pour compliquer le tout, un thème est imposé, et la longueur demandée ne permet pas beaucoup d’habillage du texte. Un vrai défi, et je serais très étonné d’être primé (à tel point que cela me ferait beaucoup rire, même si le plaisir serait extraordinaire).

J’ai aussi préparé un poème pour un festival de fantasy centré sur les dragons, mais, euh, vous allez rire, je ne trouve actuellement plus l’appel à nouvelles (oui, on est fort en pommes).

Vous l’aurez compris, on est un peu à la croisée des chemins, l’inter-saison du blog. Pas besoin d’aller voir ailleurs pour vos textes, non, ce n’est pas ce que je raconte. Simplement le temps de retrouver mon souffle, de piocher dans ma bibliothèque à idées, pour savoir quelle est la suivante sur la (déjà sympathique) liste de pages que je vous jette régulièrement en pâture. Un roman policier (c’est l’option qui prime en ce moment) ou juste le premier chapitre histoire de prendre un peu de recul ? Je poursuivrai bien la relecture d’Un dernier vol, mais cela signifie que je ne publie rien dans l’intervalle (malheureusement ce texte plus je le lis, plus je le trouve trop… Ou trop peu… avec du… bref). Il y a aussi Find It, la gageure, l’interminable. J’arrive à y trouver du plaisir, mais pas à chaque fois, c’est dommage. Il y a aussi de nombreuses idées, de nombreux morceaux de récit qui ne sont pas arrivés pour le moment sur le clavier. J’aimerais bien faire un genre de récit par post du style « roman dont vous êtes le héros ». Ou reprendre des défis, mais pour cela il y a juste l’inépuisable réservoir des concours et autres appels à textes.


Bref, bientôt des surprises, pour nous tous. 

vendredi 10 octobre 2014

I.R.L.A.N.D.E. Voyage 1, épisode 56 Final

Episode 56: Monsieur, Veuillez me suivre

(Ceci est le dernier épisode).

Cette fois, pas d’arrêt dans les boutiques de luxe, pas de petits étonnements devant les grandes tablettes de Toblerone. Non là c’est la course. Nous ne courons pas vraiment, histoire de ne pas se faire plaquer arbitrairement par une patrouille un peu sur les dents, mais cela ne nous empêche pas d’engager la vitesse maximale. Par chance, nous n’aurons pas de nouvelle fouille comme à l’aller, ce qui va nous faire économiser un temps précieux… Temps que nous pourrons investir sans paniquer pour chercher la bonne porte d’embarquement. Vraiment, la loi de Murphy nous a épargnés, ce qui nous fera en fin de compte arriver largement à l’heure devant le guichet de notre embarquement KLM. Moment que choisit Michel pour nous déballer un grand « ah, vous voyez, je vous l’avais bien dit ». J’accepte la critique, c’est sûr, nous avons été un peu paranoïaques. Mais si un seul de tous les maillons parfaitement huilés de l’aéroport néerlandais avait grippé ou lâché, nous aurions été limite pour le vol. Nous avons d’ailleurs beaucoup rigolé sur la prononciation par les hôtesses de nos noms de famille résonnant potentiellement dans les gigantesques terminaux. Cela nous était arrivé avant le Mozambique, et seule Julie avait reconnu son nom à la troisième tentative.

C’est le début de soirée. Et nous venons de courir, si l’héritage des dix jours de visite ne suffisait pas… Nous reprendrons notre sieste comme quatre beaux bébés (plus un vrai bébé) au cours du vol vers l’aéroport de Mulhouse-Bâle. Nous n’avons plus aucune pression, d’ailleurs. Nous nous jetterons avec animation le moment venu, sur les quelques cacahouètes que l’on nous distribue… Et j’attendrai en pure perte les magnifiques sandwichs que nous avions reçus lors du voyage aller : ils ne viendront jamais et seront regrettés. Le vol nous semblera long, en tout cas pour ceux qui comme moi sont épisodiquement les yeux ouverts… Michel ne rouvrira les siens qu’une fois sur le tarmac mulhousien. Un peu vannés, nous entrons dans l’aérogare en mode automatique, avant d’aller nous planter en contemplation devant la valse toujours infinie de cette machine magique qui a le don de cracher, avec une douceur toute relative, les valises de dizaines de passagers. On est comme hypnotisés devant ces sacs de toutes les couleurs qui viennent rebondir jusqu’à la rambarde, avant de faire parfois plusieurs tours en attendant leur propriétaire.

Je crois d’ailleurs que l’on ne s’est pas immédiatement rendus compte que cela devenait long, cette attente. Qu’autour de nous, il ne restait pas beaucoup de nos co-voyageurs depuis Amsterdam. Je scrutais encore impatiemment ces grosses lames de plastique caoutchoutées, lorsque j’ai entendu derrière moi Julie esquisser un « oh merde ». Et c’était à raison… Une dame tient une liste en main, et se dirige d’un pas assuré vers notre petit groupe. C’est bien le moment de remarquer que nous ne sommes plus que deux groupes : nous quatre, et une grande famille dont les trois enfants attendent encore en sautillant près de la machine.

« - Monsieur ? C’est vous, monsieur ? » 
Elle me pointe sa liste, après avoir prononcé mon nom compliqué du premier essai, ce qui a toujours le don de m’énerver. Les quatre premiers noms de sa liste, c’était nous. Elle nous fait la suivre, avant de nous expliquer tous ensemble ce qui est arrivé. Et voilà, ce n’est pas bien compliqué à comprendre : si pour notre part nous avons fait l’escale parfaite entre Aer Lingus et KLM à Amsterdam, nos valises (qui ont été identifiées, nous dit-on) sont restées au sol pendant que nous prenions l’avion. Voilà ce que ça fait, d’être à 600 bornes de ses bouteilles de whisky : on passe par les étapes successives de l’acceptation. Colère (mais quelle bande d’enfoirés), repli sur soi (si on les avait cherché nous-mêmes, peut-être que…), partage de la douleur (vous ne vous rendez pas compte, du Distillery Reserve !), résignation (si ça se trouve, ils ont déjà tout bu à cette heure) et espoir (bah, on les aura demain, et elles seront livrées intactes). La dame du service de l’aéroport a le mérite de nous expliquer clairement la situation, même si elle nous noie un peu sous une avalanche de paperasses. En effet, on ne va pas s’amuser à rester à Bâle, il faudra donc qu’ils nous livrent nos bagages. Mais attention, c’est là que la partie va se corser un peu.

Parce que nous sommes en France, ici, ma bonne dame. Rien n’est aussi simple. Pour bien nous faire comprendre que l’idylle est terminée, les services de l’aéroport en ont une bien bonne. Déjà, ils ne peuvent nous livrer nos bagages que demain, vers midi. Bon… A la limite, pourquoi pas. Mais que dans le Haut-Rhin aussi ! Non mais « vous comprenez pour Strasbourg les bagages repartent d’abord à la centrale à Paris avant de reprendre l’avion ». Oui… Logique, en somme ? Bon, on n’allait plus s’énerver à ce point-là de la soirée, contre cette dame que l’on devine aussi inflexible que l’iceberg de notre paquebot préféré. On soupire, on hausse les épaules. On en a marre. C’est dans ce genre de moments que le temps s’étire, qu’on se dit que finalement, le voyage est terminé et qu’on serait bien chez nous, à dormir dans notre lit. C’est sans doute pire encore pour Michel et Marie, qui en plus de tout ça vont devoir passer la nuit dans notre canapé. Nous prenons notre mal en patience pendant qu’elle finit ses papiers, et quittons l’aéroport presque bons derniers. Il ne reste plus grand monde dans cette petite ville de jour : quelques douaniers endormis, les agents d’entretien, deux chauffeurs de taxis et des familles qui ont soit quelques heures d’avance soit une journée de retard. Je me souviens que nous regardions tout et tout le monde, comme si nos bagages perdus allaient finalement réapparaître comme par magie, la caméra cachée…

Rien de tout ça. Une petite brise d’air chaud, le macadam rayonnant encore d’une belle journée d’aout alsacienne, voici tout ce qui nous attend au dehors. Une longue marche sans valises jusqu’à la voiture, dans laquelle je n’ai pas eu à changer de place par rapport au voyage. Sauf que voilà, je n’ai plus ni volant ni pédales, et c’est Michel qui va reprendre les commandes. Ca ne m’empêchera pas de faire jouer mes pieds en même temps que lui : il y a une petite réadaptation à subir. Nous avons ensuite lutté tous les quatre ensemble contre le sommeil, histoire de ne pas terminer cette incroyable épopée dans un platane à 10 minutes de chez nous… Et puis nous y serons, pour aller profiter quasi-instantanément d’un sommeil lourd, profond, réparateur.


La matinée bonus à attendre les bagages sera finalement bien employée. Nous allons pouvoir profiter de nos couchages respectifs sans avoir la perspective d’une journée de visite devant nous. Le petit déjeuner qui nous attend ne comporte ni œufs, ni bacon, ni haricots blancs, ni boudin noir. Retour aux classiques, finalement ! Nous aurons ensuite quelques heures à prolonger l’expérience, pour s’échanger les photos de tous les appareils (deux réflex, deux compact, les portables, la GoPro…) et de se regarder quelques vidéos encore en bonus…. Car le mec de l’aéroport a appelé, il sera en retard. L’occasion, juste avant qu’il ne sonne, pour que nous découvrions en images notre « moment gay » lors des premières minutes en voiture, ou de revoir cette route microscopique à coté de Torr Head. Tout cela nous parait déjà tellement loin, assis dans notre salon ! Pourtant c’était il y a quelques jours, quelques heures, tout restera gravé dans notre mémoire, c’est une certitude.

Les valises sont bientôt là, et il ne reste plus que de rares minutes à partager avec nos meilleurs amis. Bientôt, la porte claque, et nous poussons chacun de notre côté un soupir de soulagement. N’allez pas vous méprendre, ce n’est pas un relâchement de plaisir, ni un saut de joie. C’est plutôt, comme si une bulle venait d’éclater. Une bulle magnifique, aux reflets extraordinaires, et dix jours durant nous en avons retenu notre souffle. Que c’était beau !


Quelle aventure ! Qu’il y en ait d’autres, ou qu’elles soient différentes ne changera rien à l’affaire : cette parenthèse enchantée n’aura été possible qu’entre nous quatre. Nous y retournerons, c’est une promesse faite au vent, certes… Mais c’est ce même vent qui découpe les côtes vertes, qui balaie les sommets rocailleux et qui forme les vagues de cette inoubliable côte de l’Irlande. 



                                                           FIN. 


mercredi 1 octobre 2014

I.R.L.A.N.D.E. Voyage 1, épisode 55

Episode 55: Petits transit entre amis

Une fois sur la route, l’ambiance oscille vite entre une sorte de sieste bien méritée et une mélancolie latente. C’est la fin des vacances, et nous tentons à la fois de profiter un maximum des derniers instants, tout en sachant bien qu’il ne reste qu’une longue liste de choses plus ou moins ennuyeuses à régler si elles se passent correctement (exemple : un décollage raté, c’est vite chiant). Evidemment, nous avons relâché trop vite notre garde, et grâce à une suite merdique de feux rouges à quatre voies dans lesquels je suis systématiquement mal placé nous mettrons un peu plus de temps que prévu pour quitter Belfast... Malgré tout une fois sur l’autoroute, les locataires de la banquette arrière partent dans une sieste méritée, tandis que je vérifie une fois toutes les vingt minutes que nous sommes toujours sur la bonne route. Direction plein sud : nous retournons à Dublin, pour rendre la voiture et prendre l’avion. Comme nous avons le temps de réfléchir et que j’ai beaucoup d’imagination, je commence à suer à grosses gouttes : la voiture ne passera jamais le contrôle, on va en avoir pour 1500 boules, c’est sûr. Je réussis peu à peu à me convaincre que ce n’est pas grave, que le voyage les valait largement, qu’une fois partagée cette somme, ça ne fait plus que 375euros par personne…

Il faut dire qu’à part rouler à la limite de la vitesse autorisée, on manque singulièrement de choses à faire. Nous sommes encore dans l’ambiance de notre visite du Titanic Belfast, et c’est normal. Une petite heure plus tard, c’est l’occasion de se féliciter une fois de plus d’avoir choisi de prendre un GPS (et de n’avoir pas baissé les bras avec lui, il est devenu le cinquième compagnon, au même titre que le bébé). Parce que certes, je suis capable de dire que nous sommes en banlieue Nord de Dublin, que l’aéroport est à un jet de pierre… Mais j’aurais été strictement désespéré s’il avait fallu retrouver notre loueur de voiture tous seuls. Nous utilisons aussi les portables (celui de Michel), au risque d’utiliser un peu de nos forfait data, pour pouvoir trouver une station essence. C’est le moment de savoir si on est joueurs ou pas. Michel me conseille de ne pas le remplir à ras-bord, car cela ne se verra pas sur la jauge, et nous pourrons payer moins. C’est vrai, finalement, comme il nous reste moins de deux kilomètres à faire, autant jouer un peu sur la mesure… Par contre, je n’ai pas dû les arnaquer de beaucoup : je n’ai pas l’habitude de faire le plein à l’oreille alors j’aime autant vous dire qu’on ne devait pas être trop loin du taquet !

Arrive le moment de retenir notre souffle. Je fais bien attention à ne pas me prendre la barrière, traîtresse, à l’entrée de chez Enterprise. On aurait eu l’air malin ! L’un des agents vient immédiatement nous voir… Mais nous le ferons patienter, car il faut encore vider le Quashquaï de toutes nos affaires, et aussi se changer pour Julie et moi (nous mettons toujours nos chaussures de marche dans l’avion, histoire d’économiser trois kilos)… Finalement, le type repart, mais une hôtesse vient faire le tour de la voiture dans la foulée. Par chance, le rétro le plus frôlé est à l’ombre, elle va donc passer à côté sans s’en soucier. Reste la bosse sur le coffre ! Cette dernière était apparue dès le premier soir à Killarney, sans que l’on soit rentrés dans quoi que ce soit… Elle n’est pas très profonde, mais elle fait un joli rond. Et vous savez quoi ? Personne ne s’en apercevra. Parce qu’en fait, nous sommes encore en train de nous changer : le coffre est ouvert, il aurait manqué toute la lunette arrière que ce serait passé à l’as. On me donne mon reçu, et nous avons la chance de pouvoir profiter d’une navette qui va nous amener presque immédiatement à l’aéroport. Pour nous, c’est le grand soulagement ! Au moins une étape qui est bien allée !

Une fois à l’aéroport, on se fait déposer au mauvais terminal, parce qu’une fois encore, aucun de nous quatre n’a compris la question. Mais bon, on a deux heures pour trouver un comptoir, ça devrait aller, non ? Hum. Au début, c’est ce que nous avons pensé. Notre vol de 16 heures 30, nous avions le temps de le voir venir. Malgré tout, il y a du monde aux guichets d’Aer Lingus, alors nous devons prendre notre mal en patience. On s’amuse de regarder les couples s’engueuler, de voir des petites mamies avec la moitié de leur maison dans leur porte-valise… Les mauvaises nouvelles vont commencer là, au guichet. Mais pas pour les raisons que nous avions attendu : Michel et Marie ont judicieusement réparti les poids de leur valises, et ont improvisé un second bagage. Notre propre valise frôlera la mesure des 20kg, mais par en dessous, donc on s’en fiche. Non le gros souci, c’est que ces handicapés chez Aer Lingus, ne sont pas fichus de nous enregistrer sur notre correspondance. Il faudrait qu’on fasse notre check-in du vol Amsterdam-Mulhouse en ligne… Ou bien se renseigner, parce que la nana n’en sait rien et clairement, la question ne lui dresse pas les poils hors du string.

Commence alors un long voyage, plus fatiguant qu’il n’y parait. Nous cherchons d’abord le guichet de la KLM, avec qui nous effectuerons notre second vol. Mais il est dans l’autre terminal. Une fois sur place, il faut trouver la bonne personne pour répondre à nos renseignements (donc pas celle à qui nous nous sommes adressés, bien sûr). Tout ça pour déboucher sur une non-information, à savoir que eux non plus, ils ne peuvent pas nous faire le check-in d’ici. Mais on peut le faire en ligne, non ? Problème, le site ne semble pas être disponible en version mobile, et donc la validation ne passe pas sur les portables. La tension s’élève un peu. Nous retournons dans l’autre terminal (ça ne fait que trois fois qu’on pratique ce couloir qui semble infini), qui dispose de PCs en libre accès. Ces derniers proposent une demi-heure de web gratuit, pour peu qu’on s’inscrive. Largement de quoi faire notre petite opération, non ? Non. Soit le système n’est pas au point, soit le modem est assuré par un hamster dans une roue en carton, mais malgré un quart d’heure à s’acharner, il nous est impossible de nous connecter au réseau mondial.

Bon, tant pis ! Nous aurons bien le temps de faire ce check-in à Amsterdam, puisque nous avons sur place près d’une heure entre notre arrivée et le « boarding time ». C’est juste que nous n’avons pas vraiment confiance dans les bornes (rappel, à Bâle ça n’avait pas marché) et que une heure trente pour sortir, passer la douane, rentrer, faire la queue, le check-in, les contrôles d’entrée, et rejoindre un terminal potentiellement lointain, ça nous parait un peu ric-rac. A défaut, toute cette histoire nous aura bien occupés en attendant notre vol. Il y a encore largement le temps, après le contrôle des sacs (pas de Big Lens aujourd’hui) pour s’asseoir dans la zone de Duty Free et de regarder les différents produits. Michel et moi allons tour à tour observer les whiskey, pour constater qu’on ne nous a pas menti, le fameux Distillery Reserve dans nos valises n’est pas vendu ici. Mais enfin il y a de quoi faire, et même pour ceux qui veulent dépenser des sommes indécentes. Dans un moment de repos, nous nous relayons aussi pour dévorer des yeux l’hôtesse qui officie dans l’espace « beauté et détente » au centre de l’atrium : nous sommes subjugués.

Encore un peu d’attente devant notre avion, et puis c’est l’embarquement. Cette fois, nous ne ferons pas de chichis, parce que nous sommes trop crevés… Une fois assis dans l’avion, c’est comme si un bouton « off » avait été déclenché, et nous partons dans un repos réparateur. C’est à mon réveil que j’ai comme un doute… J’ai l’impression que nous avons oublié quelque chose d’important, dans notre histoire de correspondance. Et c’est lorsque je croise les billets que je me rends compte d’un oubli : l’horaire indiqué à Amsterdam tient compte du décalage horaire d’une heure entre l’Irlande et le continent. Une boule se forme dans mon estomac alors que j’en informe les autres, qui s’inquiètent aussi. C’est vrai que pour faire toutes les formalités, c’est trop long. Une fois réveillé, Michel nous assure de façon péremptoire que nous aurons le temps, avant de se tourner et de replonger dans le sommeil. Bien, nous n’aurons pas le choix, ça passera ou bien nous serons coincés dans la capitale des Pays-Bas un peu plus longtemps. Comme par chance nous sommes dans les deux premiers rangs de l’avion (il n’y a pas de première classe), nous pouvons prévenir le personnel naviguant que nous aimerions vraiment être les premiers à nous jeter dans le boyau histoire d’avoir une petite chance de battre le chronomètre.

L’avion passe l’Angleterre, puis la mer cachée par les nuages, avant de descendre sur Amsterdam. Nous sommes prêts à bondir au moindre signal ! Et du coup, toutes les procédures vont nous paraître absolument infinies. Par chance, on accoste directement sur un terminal, car si on avait dû attendre un bus comme à l’aller, ça ne serait jamais allé. Dès que nous avons le droit de quitter le bord, nous jaillissons comme des diables en boite, et nous élançons au pas de course dans le couloir. En moins de deux minutes, et malgré un flux ininterrompu de voyageurs autour de nous, nous pouvons trouver une borne de check-in (l’ultime option étant de se rendre directement à la porte d’embarquement, en leur expliquant la situation). Nous sommes tous trop nerveux, alors c’est Michel qui s’y colle. Avec calme et rapidité, il enchaîne les fiches client et replis les rubriques à l’aide de nos cartes d’identité. Il faut ensuite scanner les papiers que nous trimballons dans une pochette à l’arrière de nos sacs depuis dix jours. Et là, vous ne me croirez jamais, mais ce sont des bips tout à fait normaux et accueillants qu’a produit la machine. Malgré le stress, la fatigue, et surtout la loi de Murphy qui stipule bien que puisque nous en avons absolument besoin, la machine ne peut pas fonctionner correctement… Elle nous imprime nos « boarding pass » personnels.


Cependant, la course n’était pas encore gagnée. Il nous restait un petit quart d’heure avant l’embarquement, et pour autant que l’on sache, il pouvait bien être à l’autre bout de cet aéroport de plusieurs kilomètres de long.