mercredi 1 octobre 2014

I.R.L.A.N.D.E. Voyage 1, épisode 55

Episode 55: Petits transit entre amis

Une fois sur la route, l’ambiance oscille vite entre une sorte de sieste bien méritée et une mélancolie latente. C’est la fin des vacances, et nous tentons à la fois de profiter un maximum des derniers instants, tout en sachant bien qu’il ne reste qu’une longue liste de choses plus ou moins ennuyeuses à régler si elles se passent correctement (exemple : un décollage raté, c’est vite chiant). Evidemment, nous avons relâché trop vite notre garde, et grâce à une suite merdique de feux rouges à quatre voies dans lesquels je suis systématiquement mal placé nous mettrons un peu plus de temps que prévu pour quitter Belfast... Malgré tout une fois sur l’autoroute, les locataires de la banquette arrière partent dans une sieste méritée, tandis que je vérifie une fois toutes les vingt minutes que nous sommes toujours sur la bonne route. Direction plein sud : nous retournons à Dublin, pour rendre la voiture et prendre l’avion. Comme nous avons le temps de réfléchir et que j’ai beaucoup d’imagination, je commence à suer à grosses gouttes : la voiture ne passera jamais le contrôle, on va en avoir pour 1500 boules, c’est sûr. Je réussis peu à peu à me convaincre que ce n’est pas grave, que le voyage les valait largement, qu’une fois partagée cette somme, ça ne fait plus que 375euros par personne…

Il faut dire qu’à part rouler à la limite de la vitesse autorisée, on manque singulièrement de choses à faire. Nous sommes encore dans l’ambiance de notre visite du Titanic Belfast, et c’est normal. Une petite heure plus tard, c’est l’occasion de se féliciter une fois de plus d’avoir choisi de prendre un GPS (et de n’avoir pas baissé les bras avec lui, il est devenu le cinquième compagnon, au même titre que le bébé). Parce que certes, je suis capable de dire que nous sommes en banlieue Nord de Dublin, que l’aéroport est à un jet de pierre… Mais j’aurais été strictement désespéré s’il avait fallu retrouver notre loueur de voiture tous seuls. Nous utilisons aussi les portables (celui de Michel), au risque d’utiliser un peu de nos forfait data, pour pouvoir trouver une station essence. C’est le moment de savoir si on est joueurs ou pas. Michel me conseille de ne pas le remplir à ras-bord, car cela ne se verra pas sur la jauge, et nous pourrons payer moins. C’est vrai, finalement, comme il nous reste moins de deux kilomètres à faire, autant jouer un peu sur la mesure… Par contre, je n’ai pas dû les arnaquer de beaucoup : je n’ai pas l’habitude de faire le plein à l’oreille alors j’aime autant vous dire qu’on ne devait pas être trop loin du taquet !

Arrive le moment de retenir notre souffle. Je fais bien attention à ne pas me prendre la barrière, traîtresse, à l’entrée de chez Enterprise. On aurait eu l’air malin ! L’un des agents vient immédiatement nous voir… Mais nous le ferons patienter, car il faut encore vider le Quashquaï de toutes nos affaires, et aussi se changer pour Julie et moi (nous mettons toujours nos chaussures de marche dans l’avion, histoire d’économiser trois kilos)… Finalement, le type repart, mais une hôtesse vient faire le tour de la voiture dans la foulée. Par chance, le rétro le plus frôlé est à l’ombre, elle va donc passer à côté sans s’en soucier. Reste la bosse sur le coffre ! Cette dernière était apparue dès le premier soir à Killarney, sans que l’on soit rentrés dans quoi que ce soit… Elle n’est pas très profonde, mais elle fait un joli rond. Et vous savez quoi ? Personne ne s’en apercevra. Parce qu’en fait, nous sommes encore en train de nous changer : le coffre est ouvert, il aurait manqué toute la lunette arrière que ce serait passé à l’as. On me donne mon reçu, et nous avons la chance de pouvoir profiter d’une navette qui va nous amener presque immédiatement à l’aéroport. Pour nous, c’est le grand soulagement ! Au moins une étape qui est bien allée !

Une fois à l’aéroport, on se fait déposer au mauvais terminal, parce qu’une fois encore, aucun de nous quatre n’a compris la question. Mais bon, on a deux heures pour trouver un comptoir, ça devrait aller, non ? Hum. Au début, c’est ce que nous avons pensé. Notre vol de 16 heures 30, nous avions le temps de le voir venir. Malgré tout, il y a du monde aux guichets d’Aer Lingus, alors nous devons prendre notre mal en patience. On s’amuse de regarder les couples s’engueuler, de voir des petites mamies avec la moitié de leur maison dans leur porte-valise… Les mauvaises nouvelles vont commencer là, au guichet. Mais pas pour les raisons que nous avions attendu : Michel et Marie ont judicieusement réparti les poids de leur valises, et ont improvisé un second bagage. Notre propre valise frôlera la mesure des 20kg, mais par en dessous, donc on s’en fiche. Non le gros souci, c’est que ces handicapés chez Aer Lingus, ne sont pas fichus de nous enregistrer sur notre correspondance. Il faudrait qu’on fasse notre check-in du vol Amsterdam-Mulhouse en ligne… Ou bien se renseigner, parce que la nana n’en sait rien et clairement, la question ne lui dresse pas les poils hors du string.

Commence alors un long voyage, plus fatiguant qu’il n’y parait. Nous cherchons d’abord le guichet de la KLM, avec qui nous effectuerons notre second vol. Mais il est dans l’autre terminal. Une fois sur place, il faut trouver la bonne personne pour répondre à nos renseignements (donc pas celle à qui nous nous sommes adressés, bien sûr). Tout ça pour déboucher sur une non-information, à savoir que eux non plus, ils ne peuvent pas nous faire le check-in d’ici. Mais on peut le faire en ligne, non ? Problème, le site ne semble pas être disponible en version mobile, et donc la validation ne passe pas sur les portables. La tension s’élève un peu. Nous retournons dans l’autre terminal (ça ne fait que trois fois qu’on pratique ce couloir qui semble infini), qui dispose de PCs en libre accès. Ces derniers proposent une demi-heure de web gratuit, pour peu qu’on s’inscrive. Largement de quoi faire notre petite opération, non ? Non. Soit le système n’est pas au point, soit le modem est assuré par un hamster dans une roue en carton, mais malgré un quart d’heure à s’acharner, il nous est impossible de nous connecter au réseau mondial.

Bon, tant pis ! Nous aurons bien le temps de faire ce check-in à Amsterdam, puisque nous avons sur place près d’une heure entre notre arrivée et le « boarding time ». C’est juste que nous n’avons pas vraiment confiance dans les bornes (rappel, à Bâle ça n’avait pas marché) et que une heure trente pour sortir, passer la douane, rentrer, faire la queue, le check-in, les contrôles d’entrée, et rejoindre un terminal potentiellement lointain, ça nous parait un peu ric-rac. A défaut, toute cette histoire nous aura bien occupés en attendant notre vol. Il y a encore largement le temps, après le contrôle des sacs (pas de Big Lens aujourd’hui) pour s’asseoir dans la zone de Duty Free et de regarder les différents produits. Michel et moi allons tour à tour observer les whiskey, pour constater qu’on ne nous a pas menti, le fameux Distillery Reserve dans nos valises n’est pas vendu ici. Mais enfin il y a de quoi faire, et même pour ceux qui veulent dépenser des sommes indécentes. Dans un moment de repos, nous nous relayons aussi pour dévorer des yeux l’hôtesse qui officie dans l’espace « beauté et détente » au centre de l’atrium : nous sommes subjugués.

Encore un peu d’attente devant notre avion, et puis c’est l’embarquement. Cette fois, nous ne ferons pas de chichis, parce que nous sommes trop crevés… Une fois assis dans l’avion, c’est comme si un bouton « off » avait été déclenché, et nous partons dans un repos réparateur. C’est à mon réveil que j’ai comme un doute… J’ai l’impression que nous avons oublié quelque chose d’important, dans notre histoire de correspondance. Et c’est lorsque je croise les billets que je me rends compte d’un oubli : l’horaire indiqué à Amsterdam tient compte du décalage horaire d’une heure entre l’Irlande et le continent. Une boule se forme dans mon estomac alors que j’en informe les autres, qui s’inquiètent aussi. C’est vrai que pour faire toutes les formalités, c’est trop long. Une fois réveillé, Michel nous assure de façon péremptoire que nous aurons le temps, avant de se tourner et de replonger dans le sommeil. Bien, nous n’aurons pas le choix, ça passera ou bien nous serons coincés dans la capitale des Pays-Bas un peu plus longtemps. Comme par chance nous sommes dans les deux premiers rangs de l’avion (il n’y a pas de première classe), nous pouvons prévenir le personnel naviguant que nous aimerions vraiment être les premiers à nous jeter dans le boyau histoire d’avoir une petite chance de battre le chronomètre.

L’avion passe l’Angleterre, puis la mer cachée par les nuages, avant de descendre sur Amsterdam. Nous sommes prêts à bondir au moindre signal ! Et du coup, toutes les procédures vont nous paraître absolument infinies. Par chance, on accoste directement sur un terminal, car si on avait dû attendre un bus comme à l’aller, ça ne serait jamais allé. Dès que nous avons le droit de quitter le bord, nous jaillissons comme des diables en boite, et nous élançons au pas de course dans le couloir. En moins de deux minutes, et malgré un flux ininterrompu de voyageurs autour de nous, nous pouvons trouver une borne de check-in (l’ultime option étant de se rendre directement à la porte d’embarquement, en leur expliquant la situation). Nous sommes tous trop nerveux, alors c’est Michel qui s’y colle. Avec calme et rapidité, il enchaîne les fiches client et replis les rubriques à l’aide de nos cartes d’identité. Il faut ensuite scanner les papiers que nous trimballons dans une pochette à l’arrière de nos sacs depuis dix jours. Et là, vous ne me croirez jamais, mais ce sont des bips tout à fait normaux et accueillants qu’a produit la machine. Malgré le stress, la fatigue, et surtout la loi de Murphy qui stipule bien que puisque nous en avons absolument besoin, la machine ne peut pas fonctionner correctement… Elle nous imprime nos « boarding pass » personnels.


Cependant, la course n’était pas encore gagnée. Il nous restait un petit quart d’heure avant l’embarquement, et pour autant que l’on sache, il pouvait bien être à l’autre bout de cet aéroport de plusieurs kilomètres de long. 

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