jeudi 27 mars 2014

I.R.L.A.N.D.E. Voyage 1, épisode 3

3 : « Global » Positionning Satellite

Aucun d’entre nous ne savait qu’Aer Lingus était une compagnie Low Cost, mais la façon de procéder à l’embarquement est typique… Michel et moi sommes dans une file, Julie et Marie dans l’autre (allez savoir, l’instinct de compétition, ça ne se renie pas comme ça). Malheureusement il a fallu qu’une dame perde du temps à faire défiler ses cinq marmots devant celui qui vérifiait les passeports pour que les filles nous dépassent de loin. Elles sont restées là, de l’autre côté du comptoir, à nous faire des grimaces comme des gamines, avant de s’en aller vers l’embarquement. Nous, passé la minute dans laquelle nous avons bouillonné de rage et souhaité des touchers rectaux à tous les autres touristes, nous acceptions plutôt bien la situation.

Les hôtesses aussi, étaient malheureusement un peu low cost, diront les hormones mâles. Mais une fois encore, pas vraiment de sujet pour se plaindre dans ce saut Amsterdam – Dublin. Nous sommes sur une seule rangée, Moi, Julie et Marie, tandis que Michel est de l’autre côté du couloir… Cela aurait pu être gênant pour lui s’il n’avait pas décidé de roupiller tout du long (je crois qu’il dormait déjà au roulage). Je profite du voyage pour feuilleter nos différents guides sur notre destination. En effet, même si je connais bien nos étapes (pas autant que Julie, mais quand même), le reste du pays m’est assez inconnu. Au passage, sur les quelques jours pour lesquels le programme est ouvert, je repère quelques petites perles qui semblent intéressantes. A côté de moi, Marie s’instruit elle aussi. Elle découvrira, quelques minutes avant l’atterrissage que oui, Dublin aussi est à côté de la mer (une véritable épidémie). Avec nos occupations et quelques biscuits (les nôtres, il ne faut pas espérer grand-chose de la part des Lingus), le Boeing est bientôt en approche finale.

Nous avons nos premières vues sur l’Irlande… Ma foi pas plus verte que ça, pour ce qu’on peut en voir par les hublots. Ici par contre, nous avons une bonne vue sur la capitale au cours de notre approche. Notre première étape, une fois que nous aurons franchi tous les obstacles inhérents au voyage… Mais nous prenons les bonnes nouvelles comme elles viennent : nous avons atterri vivants, l’aéroport international de Dublin nous accueille et jusque-là, tout va bien. A la réception des bagages, nous remarquons que les Irlandais tentent de mettre les touristes dans l’ambiance, avec d’ores et déjà les priorités à gauche, les « Look Left » un peu partout pour nous éviter un accident corporel avec un taxi en sortant de l’aéroport… Nos bagages ne sont même pas parmi les derniers (un exploit !) et nous arrivons sur le territoire irlandais comme un peu partout dans le monde : après une vérification ensommeillée d’un fonctionnaire des douanes.

Jusque-là, les étapes s’enchainent si vite… Il est clairement temps de ralentir lorsque nous arrivons aux portes extérieures sans avoir trouvé notre loueur de voiture. Hum. Nous aurons besoin de faire deux fois le tour de la petite zone commerciale pour trouver la bonne agence (heureusement, ce n’est pas Francfort et ses kilomètres de galeries). Il y a un peu d’attente, mais c’est le temps qu’il me faut pour passer en configuration « anglais » et ne pas bredouiller lorsque j’arriverais au guichet. C’est le désavantage de partir avec d’autres français bavards : jusqu’à parler à l’autochtone, on n’est pas vraiment dans le bain. Et puis c’est qu’elle est jolie, cette employée. Elle arbore un joli sourire aguicheur, et m’explique toutes les modalités du contrat de location tandis que je remplis les papiers, parce que je suis le conducteur désigné. Tu parles, avec son ton suave et ses jolies pommettes, j’ai failli rater une information importante, un petit détail qu’elle glisse comme ça dans la conversation : le montant de la franchise. Pour résumer, ça donnait quelque chose du genre « oui je suis jolie blablabla blabla accidents blablabla véhicule de classe supérieure blablabla jolie blablabla 1500 euros sur votre compte ».

Euh. Quoi ?

Oui, pour me tirer mille cinq cent euros, tu as toute mon attention, même s’il n’en fallait pas tant. Je pense d’abord qu’elle me parle d’une nouvelle option d’assurance possible, mais non, pas du tout en fait. C’est bien le montant de la caution pour les grosses voitures. Et nous, on n’a pris que l’assurance rayures et pneu à plat, un classique… Eh bien, ça veut juste dire qu’on fera attention, qu’on la traitera comme un bijou, cette caisse. Parce qu’à la première bosse, c’est mille cinq cent boules qui partent, argent que bon par précaution, ils ont déjà provisionné à partir de mon compte. La vache. Quand je suis parti, elle souriait toujours, mais moi beaucoup moins.

Qu’à cela ne tienne finalement, nous n’avons jamais eu de problèmes auparavant. Nous voici de retour dehors, au grand air Irlandais, à chercher… Eh non, pas notre voiture, mais une navette. Oui parce qu’à Dublin, la sortie de l’aéroport est un peu au format réduit : les agences de location ne fournissent que des bons, et des petites navettes pour amener les clients jusqu’à leur dépôt, à plusieurs kilomètres de là. Notre chauffeur, capable de tenir nos bagages un à chaque bras (c’est un métier…) fait honneur à la sympathie naturelle des Irlandais. Sans avoir un accent trop chiadé, il explique aux six personnes qu’il transporte plusieurs détails importants. Comme par exemple, comment retrouver le dépôt lorsque nous voudrons rendre la voiture, situation compliquée par différents travaux qui ont lieu sur les carrefours du coin. En effet le dépôt n’est pas la porte à côté, mais aucun de nous quatre ne fait très attention à ce que dit le chauffeur, nous avons le GPS du père de Michel, équipé d’une carte Europe… Il nous suffira une fois sur place de mettre un marqueur sur la position de notre départ, ce ne sera pas compliqué.

Une fois à l’agence, c’est un petit peu l’anarchie : les véhicules sont rangés un peu partout, sans vraiment d’ordre apparent entre ceux qui sont rendus et ceux prêts à la location. Un contraste criant avec l’Ecosse, où Julie et moi étions passé dans des rangées de berlines par ordre de taille et de prix, alignées dans un ordre impeccable… Dans le préfabriqué, on nous fournit les clefs, et on nous annonce aussi que nous serons équipés d’un Nissan Quashqai. Euh. Sur le coup, je fais une moue évocatrice, nous avons loué un véhicule de classe Opel Insigna. On en est donc à troquer une berline élancée (Deutsche Qwalität) contre un faux 4x4 japonais. Mais si ça se trouve la voiture est très bien, je crois que c’est toujours l’émotion de m’être fait tirer 1500 euros de caution qui me reste sur l’estomac (et le fait qu’il soit vide, et qu’il est midi, il se fait faim).

Sur le parking, on retrouve vite notre Quashqai, gris métal. Là, tout de suite ça va un peu mieux : j’ai quelque chose de concret sur lequel me concentrer. Mine de rien, on fait un road trip alors la voiture c’est important. Nous allons y passer plusieurs heures chaque jour, autant qu’elle soit confortable et agréable à conduire. Et pour ça, rien à redire… Enfin, presque. Après un tour extérieur de la voiture avec le mec de l’agence, une petite signature et la remise des clefs, je vais pour m’asseoir à ma place de conducteur… à gauche. Sauf que le volant, il est à droite, n’est-ce-pas. A partir de là, nous nous organisons rapidement : les bagages tiennent tous (sac à dos et chaussures de marche compris) dans le coffre bourré jusqu’à la gueule. On s’installe, et je finis de faire les réglages tandis qu’à côté de moi, Michel règle son GPS.

On ne va pas se mentir, lorsqu’il reste muet et concentré tout en rallumant pour la troisième fois l’appareil, je sens que c’est pas gagné. Il faudra presque attendre que moi et les filles soyons tout à fait prêts pour que la nouvelle tombe : le GPS fonctionne, oui. Tout à fait. Il a les cartes Europe, carrément. Avec un détail, quand même. Pour ce matériel à la con, Europe c’est naturellement l’Europe continentale, pas les îles. Du coup pour se repérer, ça va pas être évident. D’habitude, Julie et moi partons sans GPS, mais on prévoit du coup, en s’imprimant quelques cartes et en mémorisant une partie du trajet (j’aime bien, ça fait partie des vacances)… Là, comme on avait prévu l’appareil, je n’ai pas regardé grand-chose. Et puis soyons francs, on a si bien écouté le chauffeur de la navette qu’aucun d’entre nous ne sait vraiment où on peut être. Nous sommes littéralement perdus avant même d’avoir fait un mètre de trajet !

J’avoue serrer un peu les dents : on aurait pu vérifier ça avant de partir (et par on, je pense à eux) ! Bon, aléa du trajet, c’est pour le moment l’unique truc qui ne tourne pas rond aujourd’hui. Nous avons réussi à faire 2300 kilomètres en une matinée, c’est déjà pas mal. Julie et Marie retournent dans le préfabriqué pour leur louer un GPS. Le même que, dix minutes auparavant, j’ai refusé avec un petit sourire condescendant. Hahaha, marrez-vous. Si encore on avait connu la zone d’activité dans laquelle on se trouve, nous serions allé acheter un GPS, ça nous aurait couté moins cher (pareil avec le prix du roaming sur nos téléphones, ce n’était pas rentable).

Bien, cette fois ça y est. On sait où nous sommes, quel chemin il faut prendre pour envoyer Dublin (expression en cours de brevet). On se permet même de mettre une nouvelle compilation gravée sur CD la veille à peine, premier disque de la bonne vingtaine emmenée sur place pour l’occasion. Je sors du loueur, et m’engage sur le grand axe qui passe juste à côté. C’est assez drôle de voir les autres occupants se cacher les yeux : rouler à l’envers, avec le volant «à la mauvaise place » est une expérience assez unique. Pour le conducteur, on s’y fait assez vite (excepté quelques ratés dans les vitesses) parce que comme tout est inversé, on se retrouve du bon côté de la route et que tout est assez logique. Pour les passagers par contre, c’est assez unique. Marie gémit un peu, Julie rit nerveusement et Michel… Michel manipule le GPS.


Qui s’est éteint. 

4 commentaires:

  1. Ah le GPS! Sacré histoire! Mais franchement, à part le fait que oui on a du débourser le prix d'un GPS dans la location pour 10 jours, c'était quand même super drôle comme moment. Enfin surtout quand on en reparle ;-)
    J'aime beaucoup comment tu racontes tout ça, c'est plein d'humour et j'ai bien ri.
    Je me souvenais pas qu'elle était aussi jolie la nana pour louer la voiture! Heureusement que tu as quand même écouté un minimum ce qu'elle te disait!

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  2. Hé oui ! Michel manipule le GPS, John manipule le levier de vitesse ...

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