lundi 31 mars 2014

I.R.L.A.N.D.E. Voyage 1, épisode 4

Episode 4: Tiens, voilà Dublin

Les premières minutes de conduite en Irlande sont assez folkloriques. Déjà parce que nous sommes à deux doigts de retourner à l’agence pour leur balancer leur GPS à la figure. On finit par comprendre (après quand même un arrêt dans une zone résidentielle au bout d’une impasse…) que l’appareil peut fonctionner sur batterie, ou bien avec son câble d’alimentation. Pas les deux, attention, tu le débranche pendant qu’il fonctionne, pouf, t’es perdu, c’est direct. Comme on le fait se rallumer et s’éteindre une bonne dizaine de fois, il finit par ne plus savoir exactement où nous sommes… à peu près comme nous.

On joue le coup de poker : ça va tenir, il va nous montrer le chemin, il suffit de ne pas (trop) y toucher. Nous arrivons ensuite sur une avenue à plusieurs voies qui va nous mener directement dans Dublin sans passer par le périphérique. Il y a pas mal de circulation, et je dois souvent changer de vitesse (quand je n’essaie pas de les passer dans la porte avec ma main droite), du coup je demande l’aide de Michel lorsqu’il s’agit de mettre la clim ou de changer le CD, voire rebrancher le GPS qui s’est ré-éteint, capricieuse électronique. Et là, il y aura quelques moments de gêne, pour lesquels je tends la main en cherchant le levier de vitesse, et rencontre celle de Michel. Un contact doux, que nous tentons tous les deux de contourner sans y parvenir. Les filles, qui filmaient, repèrent l’instant de grâce, qui sera plus tard rebaptisé « le moment gay ». On s’en doute, dire que l’on cherchait le levier de vitesse, avec les esprits mal tournés qui hantent le véhicule, n’arrange rien à la situation.

Curieusement, on a beau être en banlieue  un dimanche du mois d’aout, il y a de l’ambiance. Déjà dans notre 4*4 (nous avons repéré un camion Guinness, c’est l’euphorie totale), mais aussi dans les rues qui bordent ce long axe Nord-Sud, bordé de maisons à un ou deux étages en brique rouge, un peu austères si les rues n’étaient pas enguirlandées de fanions de toutes les couleurs. On finit par comprendre que nous sommes sans doute aux alentours d’un stade, par la présence de nombreux supporters de Donegal (les maillots sont mystérieux, et compte tenu qu’aucun de nous quatre ne suit de sport d’équipe, ils le resteront un moment). Notre compilation spéciale Irlande nous fait passer le temps entre les feux, et bientôt Michel et moi reprenons en cœur notre « Djangoooo », refrain favori depuis si peu de temps remplacé par Bushmills.

Lorsque l’on rentre dans le centre-ville, la circulation devient plus dense, et les arrêts nous montrent le Dublin de tous les jours, celui qui n’est pas réservé aux touristes et businessmen. Les épiceries et les pubs font beaucoup penser à Edimbourg, autant que certains bâtiments sombres et défraîchis de la fin de la grande révolution industrielle. Pour autant, les gens ont l’air un peu plus accueillants que leurs cousins aux kilts, et les enseignes sont un peu plus colorées. Nous finissons par arriver à notre premier hôtel, à deux pas des quartiers historiques. On le voit de loin, arrêtés à un feu rouge, et puis… Et puis rien en fait, il y a environ zéro places pour se garer, et les rues autour ont été conçues selon un intéressant concept de sens uniques minuscules (dont nous ne sortirons pas deux fois au même endroit). 

Deux fois nous faisons le tour du pâté de maison, car après s’être résolus à marcher sur quelques centaines de mètres, il faut encore que l’on soit rassurés par le voisinage. On a beau être près du centre, quelques ruelles ont une ambiance un peu coupe-gorge. En rappelant que la règle numéro un, ce n’est pas notre sécurité mais la caution du Quashqaï, il convient de faire attention. On réussit finalement un créneau à droite pas trop dégueulasse (j’ai failli me cogner dans la porte en voulant regarder l’angle mort), et nous laissons les bagages dans le coffre pour aller s’enregistrer.

Je laisse Julie se charger du discours, mais finit par me rapprocher à sa demande : le type ne mâche pas ses mots, il les chique. Pour ne pas passer pour des idiots devant nos amis, on hoche vigoureusement la tête, on prend nos clefs et on se déplace un peu plus loin pour faire le topo sur ce que nous avons compris. Déjà, on peut se garer sur le trottoir pour décharger les valises : l’anarchie temporelle est autorisée. Ensuite, il y a un parking sous-terrain « juste à côté » qui appartient aussi aux CityHotels Appartements. Parce que oui, pour notre première nuit Irlandaise, nous avons choisi de louer un petit deux pièces, rien que ça.

Je ne sais pas comment, mais dans mon esprit j’avais je ne sais comment, imaginé un penthouse de luxe dans un loft, peut-être aménagé dans un ancien dock. Bon, on voit vite que ce n’est pas moi qui ait fait la réservation, parce que si c’était peu cher, il y avait forcément une raison. Nous sommes au premier étage, après un corridor tapissé d’une profonde moquette bleue. Et ma première impression, c’est que notre penthouse tenait tout entier dans le salon de notre appartement à Colmar (lui non plus n’étant pas démesuré). Ce n’est pas non plus de première fraicheur, mais en y regardant de près, c’est propre et nous avons largement de la place pour quatre, puisqu’on n’y passe qu’une nuit. A gauche de l’entrée, c’est la salle de bain, un peu à la mode anglaise (comprenez : uniformément rose) avec son inévitable système de douche électronique, sa baignoire carrelée et ses toilettes, presque perpétuellement en train de se remplir car le réservoir tient un peu du goutte à goutte. A angle droit, c’est la chambre que je partage avec Julie, puis celle de Marie et Michel, qui fait face à une kitchenette assez bien équipée. Le couloir se termine sur le salon, qui dispose d’une baie vitrée avec vue sur les édifices historiques. 

Ce qui nous intéresse le plus par contre, c’est toujours cette ambiance bien britannique, avec un très profond canapé et un fauteuil en cuir dont on ne se relève tout simplement jamais. C’est bien situé, c’est silencieux aussi (bon un dimanche à midi, j’aurais été surpris mais voilà), pas de mauvaise surprise et les lits sont de bonne facture.

A l’envie de piquer une sieste, nous devons répliquer en cherchant les bagages : je pars avec Michel tandis que les filles vont demander draps et couettes qui font défaut pour l’instant. Nous retrouvons la voiture intacte, et partons nous garer comme des sacs devant l’hôtel (on commence à connaître le quartier). Puis nous voulons trouver le garage. Hahaha, ça a l’air facile, dit comme ça. Trouver la rue nous prend… Même pas deux minutes. Par contre une fois sur place, aucun d’entre nous n’a de numéro de maison, donc impossible de savoir quelle entrée de garage (il y en a huit ou neuf) est la bonne. Et puis, en Irlande les autocollants doivent coûter cher ou être interdits : il n’y a rien pour signaler la bonne porte. En se basant du coup sur l’instinct (l’agence est au bout de la rue, ce doit être le plus proche), nous nous approchons, je bredouille un truc inintelligible dans l’interphone, et ça s’ouvre. Mais ce qu’il faut réaliser, c’est qu’on n’est même pas surs d’être au bon endroit, et ça nous fait bien rigoler. Dans ce sous-sol, je vais me garer trois fois, aussi. Une première comme un Kévin au milieu de deux marques, une seconde dans une place ou tout le monde risque d’accrocher la carrosserie en reculant, et une troisième à une place qui me semblait un peu plus en sécurité.

Revenus à notre petit appartement en se bidonnant, nous ne prenons pas le temps de vider les valises. Déjà parce que c’est inutile : on repart demain. Ensuite parce qu’il est 14h30 bien tassées, et que nous n’avons toujours rien mangé. Toujours. Rien. Mangé. C’est intolérable.

Pour autant, on prend toutes les affaires pour visiter le centre-ville dès le repas terminé pour ne pas perdre de temps. Quitte à faire les réglages en cinq minutes, c’est donc la fête aux appareils photos, au sacs à dos remplis de coupe-vent (oui, mine de rien, ça s’est couvert comme prévu), et à tout ce qu’il n’est pas nécessaire de laisser à l’autel (et qui est-ce qui porte le sac, hein, je vous laisse deviner). Nous y voilà, Dublin s’offre à nous.


Dans un premier temps, on traverse simplement l’avenue pour se rapprocher de la cathédrale. L’ouvrage en pierre claire est splendide, avec force sculptures, un passage au-dessus de la route et un clocher qui doit dominer toute la vieille ville. C’est peut-être visitable ? Et pan ! Il suffit de poser la question pour apercevoir la file de dizaine de touristes qui attendent leur tour depuis l’extérieur. N’étant ni fervents catholiques (Irlande = catholiques, Angleterre = protestants, souvenez-vous) ni adeptes de payer pour visiter un lieu de culte, nous passons notre chemin, non sans avoir utilisé l’endroit pour calibrer nos appareils. Et au final nous n’allons pas bien loin : nos estomacs se rappellent tant à nous que nous cédons à la tentation du premier restaurant venu, en l’occurrence un « bistrot » qui sert du local dans un cadre un peu moderne. On s’assoit, on prend les menus, on pose nos affaires… Et enfin, on souffle un peu. Clairement, tout est en train de se passer à cent à l’heure. Il est bon de ralentir, de se regarder dans les yeux et de se dire : 

ça y est, nous y sommes enfin !

2 commentaires:

  1. "à tout ce qu’il n’est pas nécessaire de laisser à l’autel" : il n'y aurait pas une coquille dans la phrase ??

    Que dire sinon, à part... j'aime !!!

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  2. Eric, juste pour info : je suis vos aventures avec plaisir !

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