Si vous aussi, dans votre style, vous souhaitez leur envoyer un petit mot d'encouragement, de soutien, un message, dans la forme qui vous chante, il s'agit de l'excellente initiative de théatrum belli appelée Nuntius Belli. L'année dernière, 4000 messages ont été imprimés.
Toi. Soldat ou officier… en
Afghanistan ? Au Liban, en Côte d’Ivoire ? Je pense à toi, réfléchis
à ton quotidien, sans doute plusieurs semaines avant que le papier ne soit
déplié, froissé ou placardé au panneau de la section. Je pense à ces fêtes qui
paraissent à la fois si loin, si irréelles dans les montagnes arides sur
lesquelles on te demande d’être à la fois soldat, policier, humaniste,
formateur. Noël est si proche pour nous, et nos villes qui accrochent, alors
que voilà la mi-novembre, les décorations.
Beaucoup d’entre nous détestent les fêtes. Des repas interminables, des
membres de la famille que l’on ne voudrait jamais voir, des attentions inutiles
qui vont faire vivre les fonds de placards des années durant. Et pourtant, nous
aurons ce que tu n’as pas, nous serons ensemble, avec notre famille, tandis que
tu te bats, là-bas. Combien seront-ils, à nos tables, devant les sapins ou
pestant dans les bouchons sous la neige, à penser à toi ? Nombreux,
voudrais-je répondre. Nombreux à se souvenir que ce sont nos soldats et
officiers, tous, qui nous permettent de ne pas vivre dans la peur, de ne pas
penser à la guerre. De ne pas savoir manier les armes, ou même d’en connaître
l’existence. Nombreux, j’espère, qui savent que par ton action et ton
volontarisme, la France élève la voix pour la paix et contre les forces du
terrorisme.
Les bilans, en France sont de
mise, et les comptables puissants. D’aucuns n’oublieront pas de mesurer ton
action, de demander des comptes. Peut-être oseront-ils, et ils seront nombreux
à le faire, prononcer à ton encontre et à celle de tes camarades que tu ne fais
pas assez, que tu n’es qu’un guerrier, que tu n’as pas ta place ici. Ils ont
oublié sans doute que même si elle se fait ténue avec les années, notre voix
doit s’élever. Contre les extrémismes, contre le totalitarisme latent. Pour que
ces forces puissantes deviennent légitimes, il suffit de ne rien faire. De
baisser les budgets, et de laisser les régiments aux frontières aujourd’hui
pacifiques d’une Europe sans le sou.
N’oublie pas que derrière ces
voix, il y a tout un peuple qui te soutient. Qui ne t’oublie pas, pour les
fêtes ni le reste du temps. Qui sait ce que tu accomplis, même si c’est au
travers des images ramenées par tes camarades, et que nous ne pouvons
comprendre qu’à travers un prisme déformant la réalité que tu vis. Nous ne
saurons pas ce lien qui t’unit avec tes camarades, ne comprendrons pas les gens
que tu aides et les dangers que tu encours. Nous nous contenterons de penser à
toi, de souhaiter que tu rentres en temps voulu, dans les bras de tes proches
et l’esprit de tes amis.
Je te souhaite de bonnes
fêtes. Si elles sont passées, tant pis, il y a toujours fête à venir.
Le bonjour à tes camarades.
Un Français comme beaucoup d’autres.
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