mardi 13 novembre 2012

Opération Nuntius Belli

Voici un texte qui n'a rien à voir avec le reste du Blog. Un texte qui n'est pas inventé, qui n'est pas frivole, qui ne me regarde pas. Un texte qui va partir, imprimé sur un papier glacé, et parcourir des milliers de kilomètres vers la côte d'Ivoire, le Liban ou plus probablement l'Afghanistan. Un soldat Français en opération extérieure va le recevoir, avec de la chance avant les fêtes de Noël. Il dépliera le papier et lira ces mots, lui qui se bat loin de chez lui, pour nous. Voici la lettre que je lui ai envoyé. 

Si vous aussi, dans votre style, vous souhaitez leur envoyer un petit mot d'encouragement, de soutien, un message, dans la forme qui vous chante, il s'agit de l'excellente initiative de théatrum belli appelée Nuntius Belli. L'année dernière, 4000 messages ont été imprimés. 


Toi. Soldat ou officier… en Afghanistan ? Au Liban, en Côte d’Ivoire ? Je pense à toi, réfléchis à ton quotidien, sans doute plusieurs semaines avant que le papier ne soit déplié, froissé ou placardé au panneau de la section. Je pense à ces fêtes qui paraissent à la fois si loin, si irréelles dans les montagnes arides sur lesquelles on te demande d’être à la fois soldat, policier, humaniste, formateur. Noël est si proche pour nous, et nos villes qui accrochent, alors que voilà la mi-novembre, les décorations.  Beaucoup d’entre nous détestent les fêtes. Des repas interminables, des membres de la famille que l’on ne voudrait jamais voir, des attentions inutiles qui vont faire vivre les fonds de placards des années durant. Et pourtant, nous aurons ce que tu n’as pas, nous serons ensemble, avec notre famille, tandis que tu te bats, là-bas. Combien seront-ils, à nos tables, devant les sapins ou pestant dans les bouchons sous la neige, à penser à toi ? Nombreux, voudrais-je répondre. Nombreux à se souvenir que ce sont nos soldats et officiers, tous, qui nous permettent de ne pas vivre dans la peur, de ne pas penser à la guerre. De ne pas savoir manier les armes, ou même d’en connaître l’existence. Nombreux, j’espère, qui savent que par ton action et ton volontarisme, la France élève la voix pour la paix et contre les forces du terrorisme.

Les bilans, en France sont de mise, et les comptables puissants. D’aucuns n’oublieront pas de mesurer ton action, de demander des comptes. Peut-être oseront-ils, et ils seront nombreux à le faire, prononcer à ton encontre et à celle de tes camarades que tu ne fais pas assez, que tu n’es qu’un guerrier, que tu n’as pas ta place ici. Ils ont oublié sans doute que même si elle se fait ténue avec les années, notre voix doit s’élever. Contre les extrémismes, contre le totalitarisme latent. Pour que ces forces puissantes deviennent légitimes, il suffit de ne rien faire. De baisser les budgets, et de laisser les régiments aux frontières aujourd’hui pacifiques d’une Europe sans le sou.

N’oublie pas que derrière ces voix, il y a tout un peuple qui te soutient. Qui ne t’oublie pas, pour les fêtes ni le reste du temps. Qui sait ce que tu accomplis, même si c’est au travers des images ramenées par tes camarades, et que nous ne pouvons comprendre qu’à travers un prisme déformant la réalité que tu vis. Nous ne saurons pas ce lien qui t’unit avec tes camarades, ne comprendrons pas les gens que tu aides et les dangers que tu encours. Nous nous contenterons de penser à toi, de souhaiter que tu rentres en temps voulu, dans les bras de tes proches et l’esprit de tes amis.

Je te souhaite de bonnes fêtes. Si elles sont passées, tant pis, il y a toujours fête à venir.
Le bonjour à tes camarades.

Un Français comme beaucoup d’autres. 

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire