vendredi 18 avril 2014

I.R.L.A.N.D.E. Voyage 1, épisode 11

11. Tant qu'il y a de la vie, il y a du Spar

En ouvrant les yeux, il y a cette agréable sensation de savoir que j’ai bien dormi, que ma femme est à côté de moi, sans pour autant que mon cerveau puisse encore connecter les pièces et savoir ou je me trouve. Un genre de plénitude et de confiance absolue. Bon, bien vite le réveil donne son second appel, histoire que l’on se souvienne que l’Irlande on veut en profiter à fond, pas seulement depuis les draps de Dublin. A ce moment de la journée, c’est pratique d’être partis à deux couples, car il y a cette petite pression supplémentaire au réveil, de ne pas vouloir décevoir nos amis, de ne pas nous mettre en retard tous les quatre. Un effet qui doit être plus ou moins partagé dans la chambre d’à côté, puisque nous retrouvons nos amis à sept heures et demie dans le couloir. Le bruit discontinu de la chasse d’eau nous rappelle aux quelques défaillances de l’appartement, dont nous n’avons pas eu à souffrir cette nuit car tout le monde était abruti de sommeil… Nous prenons quand même le temps de boucler nos bagages et de les cadenasser pour s’éviter la fouille d’un room service, avant de sortir et de nous diriger vers le centre-ville.

Oui, le côté un peu « sec » de louer un petit appartement, c’est que le petit déjeuner n’est pas inclus (les gouts de luxe, ça ne se perd pas comme ça). Du coup, il nous faut trouver à manger : autant Marie et Michel pourraient éventuellement s’en passer (quoique, en vacances ils avouent eux même avoir besoin de l’énergie dès le matin), mais moi je sais que je ne pourrais pas tenir longtemps sans de belles et bonnes calories. On l’a dit, le centre-ville est jalonné de Spar, ce genre d’épiceries de quartier qui vent tout ce qu’il faut pour les aventuriers à la journée que nous sommes. Comme pour reproduire un peu ce qui s’est passé pour les restaurants et les bars de la veille, nous laissons passer deux ou trois enseignes. Les premières ne sont pas pourvues de tables, les suivantes ne servent pas de boissons, la troisième enseigne n’inspire pas confiance… Enfin, près de la mairie, nous finissons par trouver notre bonheur. Dans ce Spar, il y a quelques locaux qui sirotent un café, de quoi acheter des provisions pour le pique-nique de ce midi et surtout, surtout, trois énormes paniers remplis de muffins et autres cakes sucrés.

La messe est dite ! A chacun notre pâtisserie et notre boisson chaude, nous nous installons le long de la baie vitrée qui donne sur le coin de la rue. Pour un lundi matin, je ne sais pas pourquoi mais j’imaginais une ville un peu plus proactive ! Là, à l’inverse, à part quelques joggers, il n’y a presque pas un chat sur les trottoirs. Peu de voitures aussi, peut-être que les bureaux ouvrent plus tard. Ou bien qu’hier soir, les bars bondés d’irlandais auront créé un nombre incommensurable de « malades du lundi matin » ? Après tout c’est le mois d’aout ici aussi…  
Le mystère demeure pendant que nous dégustons. J’ai pris un genre de muffin très dense aux myrtilles, c’est délicieux en plus d’être préparé au fromage blanc (la couleur ne trompe pas), ce qui me tassera l’estomac jusqu’à midi… Nous avons décidé de ne pas trop traîner en ville ce matin, déjà parce que c’est un peu mort (la ville a repris ses couleurs grises et froides, qui sont un peu soulignées par le ciel dans les mêmes tons), mais aussi parce que nous avons pas mal de trajet.

Seul problème, qui vient avec nos cafés. Parce que premièrement, comme ils sont préparés directement sur place, nous ne pouvons pas les avoir tout de suite. Pas de souci à ce niveau-là, nous avions à manger pour nous passer le temps… Mais ensuite, les breuvages ne sont pas simplement chauds : c’est de la lave, avec un gout de café pour se réveiller. Strictement impossible d’en boire une seule gorgée dans les dix-quinze minutes après avoir été servis. Temps que nous mettons à profit pour regarder un peu la ville se réveiller autour de nous. Il y a peu de clients pour ce petit déjeuner sucré, et la plupart des badauds ici viennent acheter de quoi tenir la journée en pain, sandwichs… Dehors, ça bouge un peu plus, même si ce n’est pas ce à quoi je m’attendais. En effet, il y a de plus en plus de joggers. Passé un certain point, j’ai même trouvé ça louche, parce que… bon, c’est la mode mais il ne faut pas tenter de nous faire croire qu’un lundi matin, spontanément, autant de monde va aller courir. Ma théorie est la bonne au final, puisqu’en sortant du Spar, nous en croisons quelques-uns avec des dossards.

Et si au début, nous nous amusons de voir passer ces coureurs (même si nous ne sommes pas sur le parcours principal de la course) qui ont ce matin le centre-ville pour eux, il faut avouer que je suis vite inquiet. Ces dossards, ça dénote une bonne organisation. Et cela explique aussi très facilement l’absence de voitures dans l’une des artères les plus importantes de la vieille ville. Mais après tout, s’ils avaient fermé une partie du quartier à la circulation ? C’est que, mine de rien, j’ai beau être garé dans un sous-sol inconnu, on va bientôt vouloir en sortir pour s’échapper de la capitale ! Je finirais mon café dans la rue, en marchant derrière mes petits camarades (on ne veut pas perdre trop de temps), nous revenons à l’appartement le plus vite possible. Le planning n’est évidemment pas défini à la minute, mais on ne voudrait juste pas rater quelque chose sur le chemin à cause de la montre ! Nous avons bien fait de nous dépêcher, car la rue de la cathédrale que nous recroisons est à présent prête pour le passage des coureurs. Laissez-nous seulement une route pour sortir de la ville !

Une fois récupéré les bagages et fait notre check-out, il est temps d’aller retrouver la voiture. Sur le chemin, on voit bien la course passer sur le carrefour que nous occupions quelques minutes plus tôt… Et même au bas de la rue de notre sous-sol ! Nous sommes envahis, il faut s’échapper. Mais ma curiosité l’emporte quand même, je demande au premier badaud venu s’il sait de quelle occasion il s’agit. Et il semblerait que l’épreuve soit assez célèbre, c’est le semi-Marathon de Dublin (qui doit arriver quand même loin derrière le Barathon).

J’ai même encore du mal à retrouver le bon passage sous-terrain (la voiture est quelque part, là en dessous), mais avec Michel nous sommes assez certains du lieu. Comme hier nous sonnons, baragouinons quelques mots à l’interphone (décidément je n’aurais pas compris un mot) et puis nous pouvons descendre retrouver notre 4x4 des villes. De là, il faut s’installer confortablement et sortir précautionneusement de ce garage… C’est assez rigolo d’ailleurs, je n’ai aucun problème pour conduire notre voiture, sauf en ce qui concerne la marche arrière. Est-ce que je suis mal penché, trop concentré ou autre ? Je n’arrive pas à rester droit ne serait-ce que quelques mètres. Pour nous accueillir, le GPS s’éteint (façon de nous dire bonjour)mais notre concentration passe dans le fait de se faire ouvrir la porte intérieure du garage. Les filles sont prêtes à sortir, mais il suffira de se présenter devant la caméra pour que s’ouvre le grand ventail. On the road again ! Entre deux écrans noirs, nous réussissons à comprendre que la grande avenue à notre droite est conseillée par le GPS pour sortir de la ville.

Finalement, nous serons quand même un peu impactés par cette grande épreuve sportive… Mais ce ne sera pas vraiment notre faute. Tout comme la loi de Murphy impose la présence d’un tracteur avec bottes de foin sur les routes de campagne désertes, elle impose une petite vieille avec sa caisse des années 80 miteuse et son nuage de pollution. Ca ne ratera pas, on y aura droit dans une partie appréciable de la banlieue… Et arrivés à un carrefour, il a bien fallu laisser passer des coureurs. Ce ne sera pas trop long non plus, et après une bonne trentaine de minutes de larges avenues et de contournements, nous sommes sur l’autoroute. Enfin, je peux lâcher les chevaux ! Nous avançons vite, et le soleil se découvre au fur et à mesure que la première heure passe. Les lunettes de soleil sont de sortie, on s’habitue bien vite à dépasser par la droite (sans pouvoir se départir de l’impression qu’on fait n’importe quoi, mais bon)… Nous avons bientôt hâte de nous retrouver à Cashel pour y voir un château de toute beauté, qui est censé nous servir d’attraction jusqu’au pique-nique de midi. 

Et pour y être, nous comptons sur notre magnifique GPS. Sauf que voilà, à un moment donné j’entends Michel nous dire :
« - Mhh, dites, on va bien à Cashel, là non ?
- Oui !

- Et… Lequel Cashel, déjà ? » 
Silence. Lequel, lequel, Cashel quoi, il ne doit pas y en avoir quinze non plus, si ? 
Si. 
Il y en a au moins une dizaine répertoriés dans la base de données… Et lorsqu’on sort le planning de Julie pour la visite, il en reste au moins trois dans notre direction : un par comté ! Mais alors, ou est-ce qu’on va ?!

2 commentaires:

  1. Perso, je me souviens que la nana du Spar était pas en accord avec l'amabilité du reste de l'Irlande.
    Et sinon, j'ai mis à peu près 15 min à trouver le nom du bon comté dans le routard... un moment fort rigolo !

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  2. Mode recyclage des noms de patelins. Tu prends les mêmes que le comté (comté comté) voisin, ça passe. Et voilà comment tu te retrouves avec 15 Cashel et autant de villes qui commencent par Kil*. C'est aussi sur cette route que nous avons aperçu Mitchelstown (qui prend tout son sens dans ce récit) et le fameux Borris :)

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