vendredi 10 août 2012

Obéris - La cité de Mylah

Note: l'extrait suivant est affilié à la Trilogie "Histoires d'Obéris", laquelle est divisée en trois tomes (L'Aube Rouge, Les Nouveaux Royaumes, Destin et Vérité). Il s'agit d'un récit de Fantasy basé sur un continent imaginaire, nommé Obéris, dont vous apprendrez plus au fur et à mesure des textes sur le sujet. 
La cité de Mylah est décrite dans le Tome 2: Les Nouveaux Royaumes. 

Mylah. Pour ainsi dire la seule cité d'importance à des centaines de lieues à la ronde, l'extravagante perle des Terres Sèches ne supporte aucune comparaison. Fondée par des exilés sur quelques acres de terrain constructible, entourée des contrées les plus inhospitalières d'Obéris, Mylah a pourtant pris une importance majeure en moins d'une décade. De refuge des bannis, la place est devenue le principal lieu d'échange de la région. Le balisage d'une route à travers les Marais a décuplé les arrivées, les exils et les espoirs, et a participé à la légende de la ville autant que le vertigineux canal reliant le cours calme de la Veron... et l'Océan. 
La cité des Exilés. Le nid des Pirates, la capitale du crime, la nation rebelle: nombreux ont été ceux qui ont voulu classer Mylah simplement, en oubliant le ciment commun qui réunit factions, ennemis et habitants dans les mêmes murs: le commerce. A Mylah tout est à vendre et tout s'achète, qu'il s'agisse d'or, sang, dettes, titres, passé ou avenir. Des couronnes auraient même changé de main... Si la cité est théoriquement en territoire de Taltaïs, nul envahisseur ne s'est jamais lancé à l'assaut de la forteresse putride. Quel avantage offrirait la difficile conquête de cet îlot, aux terres non fertiles, ponctué de buissons épineux, de tourbes malodorantes et de marais, des marais à perte de vue. La cité elle-même n'a rien d'un joyau.
Car derrière ses murs de vingts pieds et ses douze portes se dresse un extraordinaire et abrupt patchwork de constructions aussi hautes et instables qu'asymétriques. Les constructions de terre, de bois et de pierre ont depuis plusieurs siècles atteint les limites que la géographie a fixé à l'expansion de Mylah la tentaculaire. Pourtant la frénésie s'est contentée de prendre de la hauteur... Sans pour autant respecter aucune règle, dans une liberté créatrice bien souvent destructive. Les flèches des palais de marbre s'appuient sur le bois des entrepôts, côtoient des enchevêtrements innommables de tourbe à peine sèche. Une ambiance éphémère vient ponctuer les odeurs des eaux usées dont les canalisations, souvent détournées, servent de dortoirs aux nouvelles générations de chairs à épées, bouches inutiles ou esclaves en devenir. 
L'air s'emplit régulièrement des craquements sonores et des vibrations titanesques accompagnant dans leur dernière chute les madriers, poulies, ouvriers et habitants des derniers étages effondrés. Le bruit dissipé cependant, les affaires reprennent, les alcools reprennent leur cours, et une armée de bâtisseurs tout sauf disciplinés vient vampiriser un nouveau chantier. La ville change de visage, de hauteur et de résidents à une fréquence excédant au centuple les royaumes les plus intrépides. 

Il en est de même pour sa gouvernance, si tant est qu'un ordre puisse être appliqué au sein de ces murs. Il est dit qu'à Mylah, le pouvoir change comme le soleil se lève. Car bien entendu, il y a des enjeux qui dépassent les rangées de tentes à perte de vue du Grand Marché, des commissions qui s'établissent de la Criée du Marais, changent de main sur quelques-unes des innombrables passerelles de cordes qui sillonnent la ville, et terminent leur course dans les mains d'un capitaine Pirate, d'un chef de guilde, d'un paria du gang des Ecuries ou d'un aristocrate négociant. Il n'est faction qui ne désire plus que sa part du gâteau, il n'est résident qui ne rêve de la position ultime, aussi brève et risquée soit-elle: Régisseur de Mylah. 
Tradition maintes fois abolie, la passation du pouvoir de Régisseur a survécu à toutes les lois, édits et autres textes qui ont voulu organiser le dynamique Royaume du Chaos et de la Débauche que représente la ville. S'il obtient audience, tout résident peut en effet défier le Régisseur en duel à mort, demander sa destitution par le conseil des guildes, ou bien négocier sa destitution. Bien que la première solution soit la plus plébiscitée, elle a durant plusieurs siècles entraîné des légions de tyrans vers un pouvoir éphémère mais absolu. Le régisseur Aristan 4 avait par exemple interdit la cité à tout individu excédant son age, tandis que Viviras fut empoisonné par la première des cent douze vierges qu'il avait fait requérir dans ses appartements. Devant le fort taux de mortalité lié à la fonction, le poste de Régisseur est à présent attribué au chef de file d'une faction représentante d'une part de la population. Les querelles intestines n'en sont que décuplées au fur et à mesure des affrontements financiers, géographiques et politiques entre les gangs, castes, métiers, guildes et espions, mais l'objectif ultime a été atteint: les Régisseurs peuvent parfois exercer plusieurs mois d'affilée. 

Bien que jouissant de la pire réputation que l'on puisse imaginer, Mylah n'a cessé avec les années d'attirer des foules toujours plus importantes, générant autant de nouveaux accès vers la métropole du commerce légal et illégal. Toutes les monnaies y ont leur cours, toutes les marchandises trouvent acquéreur, qu'il s'agisse de héler le bon passant, de faire jouer ses relations dans un couloir tapissé à faire pâlir d'envie un empereur, ou de mettre le couteau sous la gorge afin de faciliter les enchères. 
Tout marchant avisé a déjà déambulé dans ces allées, tout mercenaire entraîné s'est équipé de Lames de Mylah, toute rareté a été observée, palpée et négociée sur un étal, une vitrine, un piédestal de palais. Les prêtres n'ont pas droit de parole public, et les prostituées passent pour les plus riches des Nouveaux Royaumes. 
Longtemps épine dans le pied du continent, Mylah s'est imposée comme l'incontournable citée du vice et du rare, de l'inaccessible et du rêve.

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